[la IVe République et ses films] LA QUALITÉ – LE CHARME VÉNENÉUX D’AUTANT-LARA (7/10)

Durant toute sa carrière, Claude Autant-Lara s’est distingué par un style élégant mais aussi corrosif, mêlant satire et rigueur formelle. Ses films oscillaient entre réussites marquantes (La Traversée de Paris, L’Orgueil) et œuvres plus discutées (Le Bon Dieu sans confession, Le Joueur). Entouré d’une équipe fidèle (Aurenche, Bost, Douy, Cloërec), il a imposé une exigence collective qui, parfois, enfermait ses sujets dans un carcan technique.

L’ESSOR DE LA COMÉDIE À L’ITALIENNE

Dans les années 1960, la comédie italienne s’est affranchie du néoréalisme pour offrir une vision ironique et parfois désespérée des mœurs et du caractère italiens. Définir les frontières de la comédie italienne est difficile, car elle semble être une construction critique désignant un certain type de satire cinématographique né après la guerre, particulièrement vers le milieu des années 1950. À l’origine, elle puisait dans une généalogie multiple, allant de la Commedia dell’Arte aux spectacles de marionnettes siciliens, en passant par le théâtre napolitain, la comédie italienne a ainsi imposé de multiples visages.

RIO BRAVO – Howard Hawks (1959)

Western mythique, « Rio Bravo » montre un équilibre remarquable entre une histoire simple mais solide et une belle étude de caractères. Les relations entre les personnages et le groupe semblent être l’objet principal, chacun refusant de se laisser enfermer dans un schéma. Howard Hawks crée une relation particulière, pleine d’attentes et de sous-entendus, entre le shérif et la jeune Feathers, aidé par le fait que John Wayne était mal à l’aise face au charme et à la sensualité d’Angie Dickinson, beaucoup plus jeune que lui. Ce jeu de séduction, ainsi que les nombreuses touches d’humour, contribuent à cet équilibre quasi parfait.

[la IVe République et ses films] LA QUALITÉ – L’HOMME AU PIÉDESTAL (6/10)

Jean Delannoy a triomphé avec La Symphonie pastorale (1946), symbole d’un cinéma classique et solennel.
Ses drames psychologiques et ses comédies échouaient, tandis que ses fresques historiques connaissaient davantage de succès. Son œuvre a été abondante mais figée, jugée vaniteuse et académique, à l’image d’un Paul Hervieu du cinéma.

[la IVe République et ses films] LA QUALITÉ – CALVACADES ET PÉTARADES (5/10)

Christian-Jaque traverse les studios en s’amusant, raillant plutôt que meurtrissant, avec des dialogues de Jeanson qui piquent aux bons endroits. Les compagnons pincés de Boule de suif (1945) et les bourgeois lyonnais d’Un Revenant (1946) en prennent pour leur grade, révélant des amours défuntes et des crimes étouffés sous un ciel de suie.

FLYING DOWN TO RIO (Carioca) – Thornton Freeland (1933)

Lancée en 1933 par un studio en difficulté, cette comédie musicale met en vedette Dolores del Rio aux côtés de Ginger Rogers et Fred Astaire, qui deviendront un duo légendaire du cinéma américain grâce à leur succès dans « La Joyeuse divorcée ». « Carioca » est également notable pour être l’une des dernières productions avant le renforcement du Code Hays, permettant ainsi des éléments audacieux absents des œuvres ultérieures du couple.

[autour d’un film] LES MISÉRABLES – Jean-Paul Le Channois (1958)

Cette adaptation des Misérables par Jean-Paul Le Chanois se distingue parmi les grandes versions cinématographiques du roman de Victor Hugo. Le réalisateur conserve l’esprit social d’Hugo tout en y ajoutant sa propre vision, grâce à un tournage ambitieux. La richesse visuelle est accompagnée d’une distribution exceptionnelle, engagée et portée par des acteurs remarquables, cette version mérite d’être redécouverte.

LES MISÉRABLES – Jean-Paul Le Channois (1958)

En 1957, Jean-Paul Le Chanois se voit confier les rênes de sa première superproduction. Une aubaine qu’il doit en partie à Jean Gabin, avec qui il a collaboré quelques mois plus tôt, et qui va lui permettre de signer l’une des plus grandes adaptations du célèbre roman. L’adaptation du chef-d’œuvre de Victor Hugo donne lieu à un tournage fleuve, au cours duquel Gabin a le plaisir de côtoyer des acteurs de la trempe de Bourvil, Danièle Delorme et Bernard Blier. Genèse d’un succès.

[la IVe République et ses films] LA QUALITÉ – DRAPEAUX NOIRS (4/10)

Les films d’Yves Allégret illustrent la tradition du réalisme poétique avec des ambiances sombres, des personnages marquants et un attachement au quotidien portuaire. En parallèle, Duvivier maintient une vitalité dans le cinéma noir français, multipliant les succès populaires et maniant savamment les contrastes entre tragédie et légèreté, notamment à travers les séries Don Camillo et des œuvres comme Le Temps des assassins. Si la constance et le réalisme caractérisent ses films, l’originalité semble s’être réfugiée dans La Fête à Henriette.

MARLENE DIETRICH : ANGE OU DÉMON

Jean Cocteau décrivait Marlene Dietrich comme une chimère douce-amère, moderne et fascinante, dont le nom commence par une caresse et finit par un coup de cravache. L’actrice, à la fois fatale et androgyne, a constamment réinventé son image. Sa transformation débute en 1929 avec sa rencontre avec Josef von Sternberg, qui la mène de Berlin à Hollywood, où elle devient inoubliable dans le rôle de Lola-Lola dans « L’Ange bleu ». En sept films, Sternberg crée le mythe Dietrich, utilisant un éclairage zénithal spécifique pour sublimer ses traits anguleux d’une aura sensuelle et mystique. Cependant, Marlene Dietrich ne se limite pas à être une muse ; elle brille également seule, comme en témoignent ses prestations éclatantes pour d’autres réalisateurs.